Le coronavirus montre la nécessité de dépasser le capitalisme

Ce jeudi 19 mars, les députés siègent pour une séance de questions au gouvernement ainsi que pour voter l’état d’urgence sanitaire. L’occasion pour les élus de faire entendre une autre voix dans une crise où l’exécutif est tout-puissant.

Regards. Avant toute chose, était-ce bien raisonnable de réunir les parlementaires, fussent-ils seulement une petite trentaine, quand on sait que déjà 18 d’entre vous ont le coronavirus ?

Pierre Dharréville. Il est nécessaire, en prenant toutes les précautions, de faire vivre le débat démocratique. C’est aussi la meilleure manière de faire face et d’apporter les meilleures réponses à la situation. De la même façon qu’un certain nombre de gens sont à la tâche – dans les supermarchés, etc. –, il faut assurer la vie démocratique, nous en avons besoin dans ces moments-là. 

Vous avez demandé au gouvernement d’investir massivement dans la santé, en matériel comme en personnel. Que pensez-vous des annonces faites par l’exécutif depuis le début de la crise ? La France va-t-elle payer « quoi qu’il en coûte » ?

Il faut placer la santé au-dessus de toute préoccupation, ça doit être une priorité première. Nous avons, ces derniers mois, ces dernières années, beaucoup alerté sur l’état de l’hôpital public et sur le sous-investissement dont il était victime, sur l’assèchement des dépenses de protection sociale et donc des dépenses de santé. Aujourd’hui, nous sommes dans une situation qui est impactée par les décisions politiques prises par le passé. Il faut qu’on gèle toutes les démarches de restriction et de suppression prises dans l’hôpital. Il faut leur donner les moyens de s’organiser correctement, pour affronter le risque qui surgit, mais aussi continuer à faire face aux problèmes de santé qui ne sont pas liés au coronavirus. Il faut arrêter de leur serrer la vis comme c’est le cas depuis trop longtemps. Concrètement, les hôpitaux pourraient se retrouver rapidement avec des problèmes de trésorerie. Il faut s’en occuper pour qu’ils puissent passer les commandes de matériels dont ils ont besoin. Il y a aussi la question du personnel, y compris du personnel de service afin d’assurer un haut niveau d’hygiène. Il faut leur donner les moyens et la confiance pour qu’il gère au mieux la crise. Tout ça, le gouvernement peut le décider. Je vois un gouvernement qui essaye de faire face, ce qui n’empêche ni le débat, ni de faire des propositions.

« Le libéralisme a une part de responsabilité dans les difficultés que nous avons à faire face à la crise. »

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